Un budget de la culture enfin préservé

04
Nov
2014

Jeudi 30 octobre se tenait en commission élargie le débat sur le budget de la culture qui sera repris en séance le jeudi 6 novembre. Plaidant inlassablement depuis deux ans pour que le budget de la culture soit sanctuarisé comme le sont les budgets de l'éducation, de l'enseignement supérieur ou de la recherche, j'ai salué la stabilité globale du budget de la culture pour 2015 et souhaité que le gouvernement continue à initier et à soutenir de grands projets culturels.

C'est grâce à l'action publique que nous avons gardé un réseau de libraires, que la vitalité du cinéma français se maintien là où le cinéma européen s'est effondré, et que notre territoire continue à attirer les créateurs et les touristes du monde entier, bien au-delà de notre puissance économique. De même, si la création se perpétue dans le spectacle vivant, c'est grâce au soutien public à la création et à l'un des acquis fondamentaux de l'exception culturelle française : le régime de l'intermittence.

Parce que l'art constitue le ciment le plus fondamental d'une société, c'est un investissement encore plus indispensable en temps de crise. Jacques Lang ne disait pas autre chose dans un célèbre discours en 1982 : « il n'y aura de renaissance économique que si chacun de nos pays croit en l'avenir, est prêt à investir dans l'intelligence et l'imagination, croyant d'abord en lui-même avant de se soumettre à la fatalité de prétendues lois internationales ». 30 ans plus tard ce discours est toujours d'actualité.

Dans la suite de cette note, l'intégralité de mon intervention.

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Madame la ministre, Messieurs les présidents, chers collègues

Les financements alloués à la culture constituent des investissements fondamentaux d'une société, au même titre que ceux consacrés à l'éducation, à l'enseignement supérieur ou à la recherche.

C'est cette conception qui avait conduit au doublement du budget de la culture et à son augmentation sous tous les gouvernements de gauche précédents. C'est pourquoi après avoir plaidé depuis 2 ans pour que le budget de la culture soit sanctuarisé comme l'ont été ceux de l'éducation et de la recherche, je me réjouis que les crédits du ministère soient globalement stabilisés dans le projet de budget pour 2015 et dans la programmation triennale.

Cela est également le cas des crédits du programme Création lorsqu'on tient compte de l'achèvement de la construction de la Philharmonie de Paris et des crédits consacrés à l'éducation artistique en espérant que, comme l'année précédente, une part significative de la réserve parlementaire continuera à les abonder.

Les activités culturelles représentent près de 700 000 emplois et 3,2 % de la valeur ajoutée. Ce la représente 7 fois la valeur ajoutée de l'automobile, 4 fois celle de la chimie et la somme de l'agriculture et des industries alimentaires.

La culture est un facteur déterminant de l'attractivité des grandes métropoles et certains grands projets culturels ont même été - ou sont - des facteurs décisifs du renouvellement urbain (Guggenheim-Bilbao, Louvre-Lens ...).

Tous les grands projets culturels font apparaître des effets induits élevés sur l'activité économique comme l'illustrent de nombreuses études d'impact et, plus encore, les retombées économiques évidentes des grands investissements du passé, qui font aujourd'hui la renommée de notre pays.

Cela a été bien compris par toutes les grandes métropoles européennes qui consacrent - toutes - une part importante de leur budget à la culture.

Ma deuxième remarque est que l'Etat doit continuer à jouer son rôle, qui est essentiel. Il doit initier et soutenir le lancement de grands projets culturels et ne pas se contenter dans ce domaine d'une étroite vision budgétaire et comptable.

Renoncer au nom de l'austérité budgétaire à de grands investissements culturels n'est pas plus justifié dans la crise que renoncer à de grands investissements technologiques. C'est pourquoi je salue en particulier l'achèvement du beau projet de la Philharmonie de Paris dont le coût (381 millions d'euros) est à mettre en regard du coût de construction de la Philarmonie de Hambourg (789 millions) ou de la rénovation du Staatsoper de Berlin (289 millions). Peut-être pourrez-vous, madame la ministre, nous dire où en est ce principe de parité du financement qui en était l'axe fondateur ?

C'est grâce à l'action publique que nous avons gardé un réseau de libraires, que la vitalité du cinéma français se maintien là où le cinéma européen s'est effondré, et que notre territoire continue à attirer les créateurs et les touristes du monde entier, bien au-delà de notre puissance économique.

L'intervention publique est d'autant plus nécessaire qu'une partie importante des dépenses culturelles et notamment celles qui concernent le spectacle vivant, sont soumises à ce que les économistes appellent la « Loi de Baumol ». L'interprétation de «La Flûte enchantée » nécessite la même quantité de travail qu'à l'époque de Mozart, alors même que l'on produit vingt fois plus de biens aujourd'hui en une heure de travail qu'au début de la révolution industrielle et que les salaires ont augmenté dans les mêmes proportions. En d'autres termes, ce secteur est confronté par essence à des coûts croissants, de sorte qu'on ne peut le préserver que par un financement public important, mais aussi croissant.

Ce soutien au spectacle vivant passe aussi par ce qui est l'un des acquis fondamentaux de l'exception culturelle française : le régime de l'intermittence. Ce régime ne devrait pas être considéré comme une simple assurance chômage, mais comme une contribution indirecte à la création culturelle dans un domaine caractérisé par une précarité inhérente à la création.

En outre, les artistes, comme les scientifiques, ont non seulement une mission de création mais aussi une mission d'éducation et cela devrait être mieux reconnu dans le régime des intermittents. Au moment où nous relançons l'éducation artistique à l'école, il me parait important que le volume d'heures d'enseignement pouvant être assimilées à des heures travaillées au titre de l'annexe 10, soit augmenté comme le suggère l'excellent rapport de Christian Kert et Jean Patrick Gilles.

Je termine par une question sur le projet de Loi création et patrimoine qui a vocation à rassembler dans un seul texte la préservation du passé et celle du futur. Intégrera-t-elle tous les secteurs culturels ?

Jacques Lang disait en 1982 : « il n'y aura de renaissance économique que si chacun de nos pays croit en l'avenir, est prêt à investir dans l'intelligence et l'imagination, croyant d'abord en lui-même avant de se soumettre à la fatalité de prétendues lois internationales ». 30 ans plus tard ce discours est toujours d'actualité.