Programme de stabilité à l’Assemblée : une règle budgétaire européenne absurde qui montre à contrario la pertinence d’une politique de relance

13
Avr
2017

Les ministres de Bercy présentaient ce mercredi 12 avril en Commission des Finances le programme de stabilité que le gouvernement transmet à la commission pour la période 2017-2020. Construit par principe sur le respect des règles budgétaires européennes qui imposent la poursuite d'une politique d'austérité jusqu'au retour à l'équilibre structurel des comptes publics, ce programme de stabilité montre au contraire l'absurdité de cette règle d'équilibre budgétaire et la pertinence d'une autre politique.

Une règle budgétaire qui perpétue pendant 5 ans la sous-utilisation des capacités de production et le déficit de demande

Alors que notre économie est clairement dans une situation d'insuffisance de la demande et de sous-utilisation des capacités de production en 2017, ce que traduit l'écart de 3 % à la production potentielle (output gap) retenu par le ministère des finances, la poursuite d'une politique d'austérité maintient ce déséquilibre pratiquement au même niveau jusqu'en 2020.

Comme le souligne le Haut Conseil des Finances publiques, « un écart de production négatif sur une période de plus de 12 ans manque de cohérence... une sous-utilisation aussi durable des facteurs de production ne s'accorde pas avec l'accélération de l'investissement et de l'inflation retenue dans le scénario du gouvernement».

Le scénario gouvernemental décrit une croissance de 1,6 % par an, une inflation qui reste faible, un déficit structurel qui s'annule en fin de période, mais un déficit conjoncturel qui ne baisse pas et une dette qui se réduit peu (elle passe de 96 % du PIB en 2017 à 93,1 % en 2020).

Bref, comme je l'exprime dans mon intervention (vidéo ci-dessous), cette situation appelle un relâchement de la contrainte budgétaire qui réduise le déséquilibre entre l'offre et la demande, accentue la croissance et les créations d'emploi au prix d'une augmentation transitoire du déficit. C'est ce que propose Benoît Hamon dans son programme économique.