L'Eco du Jour sur France Inter

18
Fév
2015

Retrouvez ci-dessous un extrait de la chronique de Philippe Lefébure, ce mercredi 18 février sur France Inter:

La salle de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale est quasiment vide: cinq, six députés seulement. Quelques minutes plus tôt, il faut le dire, dans l'hémicycle, Manuel Valls a "dégainé" son 49.3. C'est l'agitation partout. Sauf, donc, à la Commission des Finances, qui doit auditionner Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. Il tombe vraiment mal. Gilles Carrez, le président, s'excuse auprès de son invité: "Nos collègues vont nous rejoindre au fur et à mesure" promet-il. On ne les verra jamais. Pascal Cherki excuse, à son tour, ses collègues socialistes "en pleine psychothérapie collective", dit-il. Tout le monde rigole, y compris le gouverneur. Christian Noyer vient s'expliquer sur la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne, le "quantitative easing", mais c'est sur la Grèce qu'il sera, surtout interpellé. Pierre-Alain Muet ouvre les hostilités. Sur la Loi Macron, le député socialiste venait, dans un communiqué, d'expliquer pourquoi il est contre: "Quand le problème d'une économie est un problème de demande, il y a des réformes structurelles qui peuvent aggraver la situation". Même logique, face au gouverneur: "Sur la politique monétaire de la BCE, bravo ! lâche Pierre Alain Muet, "mais je ne serai, pas aussi sympathique, sur votre action, en Grèce, au sein de la Troïka. Elle a été aux antipodes de la solidarité qui a toujours été la marque de la construction européenne", dit l'élu PS, "alors qu'il aurait fallu éviter de répéter les erreurs du Traité de Versailles, c'est-à-dire penser qu'on peut faire payer un pays pour ses erreurs, sans qu'il n'y ait de conséquences négatives pour tous les autres !". Jacques Myard embraye, visant, lui, l'Allemagne: "L'objectif, aujourd'hui de certains, n'est-il pas de faire tomber le gouvernement grec ?" demande le député UMP anti-euro, qui poursuit : "à quoi joue-t-on alors qu'on est à la veille d'une crise monétaire institutionnelle, en Europe ?". Christian Noyer, en réponse, évite d'aller sur ce terrain politique. Redit, plutôt, la responsabilité première des États, et non celle de la BCE, présentée comme simple "soutien technique". Enfin, le gouverneur juge "possible" un nouvel étalement de la dette grecque, mais tranche: "Le nouveau gouvernement grec ne dit pas que c'est à ses partenaires européens de payer ses promesses électorales".