25
Oct
2014

« La voix est libre reçoit Pierre-Alain Muet. A 69 ans, le député socialiste est devenu une des figures emblématiques de ceux que l'on appelle « les frondeurs ». Grand spécialiste de l'économie, ancien conseiller de Lionel Jospin à Matignon, ancien professeur d'économie à Sciences Po Paris et à Polytechnique, il ne se reconnaît plus dans les choix du gouvernement Valls...

Sur le plateau de la Voix est Libre, Pierre-Alain Muet pourra s'expliquer sur cette fracture profonde qui est en train de faire imploser le Parti Socialiste, après une semaine sous tension marquée par le retour très critique de Martine Aubry et l'abstention de 39 députés socialistes sur le vote du budget. »

21
Oct
2014

J'ai voté la confiance au gouvernement le 16 septembre, mais j'avais indiqué que je voterai chaque texte en fonction de son contenu.

Ce n'est pas en appliquant le cocktail - même atténué - "baisse des dépenses / baisse du coût du travail", qui a conduit l'Europe dans la dépression et au bord de la déflation, que l'on peut sortir rapidement de la récession et convaincre nos partenaires européens de la nécessité de changer de politique.

Avec 12 Milliards € d'allègements sur les entreprises, mal calibrés, mal ciblés, dont l'impact sera au mieux lent à apparaître, et 21 Milliards € de coupes dans les dépenses publiques dont l'effet dépressif sera immédiat, le budget et la loi de financement de la sécurité sociale mettent en œuvre une politique inadaptée à la situation conjoncturelle de notre pays.

Au terme de 3 années de récession européenne, l'effondrement de la demande en France et en Europe atteint désormais le même niveau que lors de la récession qui suivit la crise financière. Cette situation appellerait en Europe la même politique économique que celle qui fut impulsée à l'échelle mondiale par le FMI en 2009 : une stimulation de l'investissement privé quand cela est possible, public dans tous les cas, comme je l'explique dans l'intervention ci-jointe lors du débat budgétaire (vidéo ci-dessous).

La politique économique lancée en début d'année avec le pacte de "responsabilité" dont la contrepartie est, aujourd'hui, la réduction d'un certain nombre de dépenses sociales, conduit en outre à une perte de repères, comme l'illustre le débat sur la baisse des allocations familiales.

Cette baisse n'aurait jamais été envisagée, comme d'ailleurs la forte réduction des dotations aux collectivités locales qui freinera leur investissement, si l'on avait calibré les allègements sur les entreprises à un montant raisonnable et non à 12 milliards. Substituer à cette baisse une modulation des allocations n'est guère plus satisfaisant.

C'est pourquoi malgré des aspects positifs sur la fiscalité des ménages et l'éducation, je me suis abstenu sur le vote du budget.

15
Oct
2014

Dans mon intervention sur le Projet de Loi de Finances, je suis revenu sur la situation dramatique de l'Europe, conséquence « des politiques erronées que les dirigeants européens s'entêtent à poursuivre, bien qu'il soit évident que ce sont des mauvais remèdes » comme le rappelait l'éditorial du New York Times du 17 août.

Ces mauvais remèdes sont un cocktail de politiques économiques faites de coupes massives dans les dépenses publiques, de baisses du coût du travail, et, dans les pays d'Europe du Sud, de baisses des salaires. Un cocktail qui a plongé l'Europe dans la dépression et dans la déflation. Cette politique est la négation de ce qu'a été l'Union européenne depuis sa création : une Europe qui grâce à la solidarité (notamment les fonds structurels) a toujours tiré vers le haut tous les pays qui la rejoignaient. C'est la première fois dans l'histoire, depuis les déflations des années trente, que l'Europe fait un ajustement par le bas qui est le contraire de ce qu'elle a su faire pendant plus d'un demi-siècle.

Dans la suite de cette note, le texte de mon intervention...

En savoir plus...

12
Oct
2014

Dans cet entretien avec Hubert Huertas et Laurent Mauduit de Médiapart, je plaide pour que le gouvernement de Manuel Valls mette en cohérence la politique nationale avec un diagnostic qui reconnaît - enfin - que la récession résulte de l'effondrement de la demande dû aux politiques massives d'austérité conduites dans l'ensemble de l'Europe.

 

 

Pierre-Alain Muet est tout le contraire d'un ultra. Très jeune, en 1983, il approuve le virage économique de François Mitterrand. À partir de 1997, il conseille Lionel Jospin à Matignon. En 2007, Pierre-Alain Muet soutient Ségolène Royal, et en 2012, après avoir travaillé avec Martine Aubry pendant la primaire, il rejoint François Hollande devenu « le » candidat. Autant dire que Muet est d'abord légitimiste.

Or ce social-démocrate, qui ne rêve que d'unité du PS et de la gauche en général, est devenu un « frondeur » malgré lui. Après avoir signé l'appel des 100 en faveur d'un changement de politique économique, il n'a pas voté le pacte de responsabilité, et pas davantage le budget de la Sécurité sociale. Et quand on lui demande s'il a soudainement viré à gauche, il répond que c'est le gouvernement qui est allé à droite.

Son diagnostic est implacable : « François Hollande a dit au mois d'août qu'il y a un problème de demande dans toute l'Europe, et que c'est la conséquence des politiques d'austérité conduites depuis plusieurs années. Très bien ! Mais il termine en disant : "Mais nous continuerons notre politique de l'offre." Il y a une divergence profonde entre le discours qu'il a tenu et la politique qui est conduite en France. »

02
Oct
2014

Retrouvez ci-dessous mon interview sur le budget et l'orientation de la politique économique, ce jeudi 2 octobre sur RFI.

Page 25 sur 91